26 février 2021. Hier Philippe Jaccottet est décédé. Quand j'ai décidé de créer ce site et "ce journal de bord", j'ai tout de suite pensé à leur donner un titre inspiré d'un poème d'Hölderlin traduit par ce grand poète qui nous a quitté à 95 ans. Pour ne pas oublier ces deux grands créateurs voici:
LA PROMENADE À LA CAMPAGNE
Viens dans l’Ouvert, ami! bien qu’aujourd’hui peu de
lumière
Scintille encore, et que le ciel nous soit prison.
Les cimes des forêts à notre gré ni les montagnes
N’ont pu s’épanouir, et l’air reste sans voix.
Il fait sombre, allées et ruelles dorment, et pour un peu
Je nous croirai à l’âge du plomb revenus.
Pourtant un voeu s’exauce, la juste foi n’est point
troublée
Par un moment: ce jour soit voué à la joie!
Car ce n’est maigre aubaine que nous arrachons au
ciel,
Comme ces dons aux enfants longtemps refusés.
Que seulement de tels propos, de nos pas, de nos
peines,
Le gain soit digne, et sans mensonge l’agrément!
C’est pourquoi je garde l’espoir, quand nous aurons risqué
Le pas rêvé, et d’abord délié nos langues
Et trouvé la parole, et notre coeur épanoui,
Quand du front ivre une autre raison jaillira,
Que notre floraison hâte la floraison du ciel,
Qu’ouverte soit au regard ouvert la lumière.
Car ce n’est pas affaire de puissance mais de vie,
Notre désir: joie et convenance à la fois (…)
Extrait de Promenade à la campagne, Hölderlin (traduction Philippe Jaccottet, Poésie Gallimard in Odes, Elégies, Hymnes)
